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Conférence - Roland Tomb : Histoire de la circoncision, des origines à nos jours. Enjeux et controverses

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Thomas Römer

Collège de France

Milieux bibliques

Année 2022-2023

Conférence - Roland Tomb : Histoire de la circoncision, des origines à nos jours. Enjeux et controverses

La circoncision est sans doute l'une des procédures chirurgicales les plus anciennes. Elle consiste, dans sa forme la plus répandue, en l'ablation totale ou partielle du prépuce, ce qui laisse le gland du pénis à découvert. Cette pratique, datant de l'Antiquité sinon de la préhistoire, est effectuée principalement pour des motifs culturels et religieux, mais aussi pour des raisons prétendument hygiéniques et prophylactiques. Elle concerne, de nos jours, près d'un milliard d'individus (environ un homme sur quatre).

Il convient de souligner que beaucoup de civilisations anciennes d'Orient (Sumer, Assur, Babylone, la Perse) et d'Occident (la Grèce, Rome) ont ignoré la pratique ou l'ont vilipendée. L'Extrême-Orient, avec ses brillantes civilisations, de la vallée de l'Indus à la Chine ou au Japon, semble ne l'avoir jamais connue.

Pour beaucoup de sociétés qui la pratiquent, la procédure semble familière et anodine. Il suffit cependant qu'on s'y arrête quelques secondes pour que l'étrangeté de cet acte saute aux yeux. Son ancienneté, le mystère qui l'entoure, l'aura que lui confère sa dimension religieuse, le fait qu'il soit absolument requis pour l'intégration dans certains groupes, le cortège de bénéfices qu'il est censé procurer, enfin, sa réalisation, le plus souvent, chez un nouveau-né fragile et vulnérable, tout cela ne peut manquer d'interpeller quiconque s'accorde un moment de réflexion. Tout se passe comme si l'homme était le seul mammifère à devoir subir une « correction » anatomique.

Il est impossible de déterminer pourquoi, à l'origine, la circoncision fut inventée : était-elle d'abord pratiquée comme un acte symbolique et partiel de castration, un substitut de sacrifice humain, un rituel de fertilité, un rite de passage, un acte prénuptial, un stigmate d'appartenance ou tout cela à la fois, dépendamment des lieux et des époques ? A-t-elle essaimé à partir de l'Afrique, berceau de l'humanité ? Ou a-t-elle pu naître de l'imagination des hommes à différents endroits de la planète ? Un jour, l'homme a eu la surprenante idée de couper un morceau de son propre pénis ou de celui de son jeune garçon, s'infligeant ainsi une « blessure symbolique », mais une blessure tout de même, et instituant du coup un rituel qui défiera le temps. On reste frappé par son ancienneté, son universalité et l'incroyable diversité d'origines, de formes et de mythes chez les peuples sans écriture et dans deux grandes religions monothéistes. Elle est, à coup sûr, la plus vieille énigme de l'histoire de la chirurgie ; elle apparaît comme l'une des pratiques les plus durables de l'histoire de l'humanité.

La circoncision intéressa beaucoup les sciences humaines, notamment l'anthropologie et la psychanalyse, qui tentèrent de fournir des explications. Sans forcément s'exclure l'une l'autre, chacune apportait un éclairage particulier, mais aucune ne pouvait prétendre à l'universalité. Toutefois, l'étude des cultures où ce genre de mutilations sont la coutume suggère que les motivations qui les sous-tendent sont très différentes des explications habituelles. Leurs motivations ont été obscurcies par des millénaires de rationalisations mythologiques, religieuses, ritualistes ou médicales ; il est très peu probable que quiconque puisse arriver à une explication raisonnable de leurs origines. En tout cas, la justification hygiéniste reste la moins convaincante : avant la chirurgie aseptique, toute coupure de la chair était la chose la moins hygiénique à faire et comportait un risque important de saignement, d'infection et de mort. Aucune des cultures anciennes, qui ont traditionnellement pratiqué la circoncision, n'a prétendu que le rituel fut introduit en tant que mesure hygiénique.

C'est seulement au XIXe siècle, lorsque la circoncision de masse fut introduite pour des raisons « sanitaires », que les médecins cherchèrent à légitimer la nouvelle procédure en invoquant une continuité avec le passé lointain et en réinterprétant ses origines à travers leur propre agenda hygiénique. Plusieurs « raisons » ont été inventées dès lors pour remplacer la religion dans la justification de la circoncision qui est devenue, depuis près d'un siècle, surtout dans le monde anglo-saxon, une intervention chirurgicale médicalisée, banalisée, quasi routinière, vidée de toute signification symbolique, mais chargée, au gré des modes médicales, de mille et une vertus prophylactiques. La conjonction de deux mouvements apparus récemment dans le monde de la médecine, l'evidence-based medicine d'un côté et l'extraordinaire essor de la bioéthique de l'autre, a radicalement changé la donne. Outre-Atlantique et, dans une moindre mesure, en Europe, la circoncision est à présent l'objet de questionnements, de controverses, de luttes sociétales.

En substituant aux idéaux religieux ses propres mythologies morales sous couvert de médecine, l'époque moderne a réinventé un rituel. Pendant plus d'un siècle, la circoncision a été un traitement en quête de quelque chose à soigner, une solution en quête d'un problème. Historiquement, la compulsion à circoncire reste constante, les raisons ne cessent de changer.

Roland Tomb, doyen de la Faculté de médecine, université Saint-Joseph, est invité par l'assemblée du Collège de France, sur proposition du Pr Thomas Römer.

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La circoncision est sans doute l'une des procédures chirurgicales les plus anciennes. Elle consiste, dans sa forme la plus répandue, en l'ablation totale ou partielle du prépuce, ce qui laisse le gland du pénis à découvert. Cette pratique, datant de l'Antiquité sinon de la préhistoire, est effectuée principalement pour des motifs culturels et religieux, mais aussi pour des raisons prétendument hygiéniques et prophylactiques. Elle concerne, de nos jours, près d'un milliard d'individus (environ un homme sur quatre).

Il convient de souligner que beaucoup de civilisations anciennes d'Orient (Sumer, Assur, Babylone, la Perse) et d'Occident (la Grèce, Rome) ont ignoré la pratique ou l'ont vilipendée. L'Extrême-Orient, avec ses brillantes civilisations, de la vallée de l'Indus à la Chine ou au Japon, semble ne l'avoir jamais connue.

Pour beaucoup de sociétés qui la pratiquent, la procédure semble familière et anodine. Il suffit cependant qu'on s'y arrête quelques secondes pour que l'étrangeté de cet acte saute aux yeux. Son ancienneté, le mystère qui l'entoure, l'aura que lui confère sa dimension religieuse, le fait qu'il soit absolument requis pour l'intégration dans certains groupes, le cortège de bénéfices qu'il est censé procurer, enfin, sa réalisation, le plus souvent, chez un nouveau-né fragile et vulnérable, tout cela ne peut manquer d'interpeller quiconque s'accorde un moment de réflexion. Tout se passe comme si l'homme était le seul mammifère à devoir subir une « correction » anatomique.

Il est impossible de déterminer pourquoi, à l'origine, la circoncision fut inventée : était-elle d'abord pratiquée comme un acte symbolique et partiel de castration, un substitut de sacrifice humain, un rituel de fertilité, un rite de passage, un acte prénuptial, un stigmate d'appartenance ou tout cela à la fois, dépendamment des lieux et des époques ? A-t-elle essaimé à partir de l'Afrique, berceau de l'humanité ? Ou a-t-elle pu naître de l'imagination des hommes à différents endroits de la planète ? Un jour, l'homme a eu la surprenante idée de couper un morceau de son propre pénis ou de celui de son jeune garçon, s'infligeant ainsi une « blessure symbolique », mais une blessure tout de même, et instituant du coup un rituel qui défiera le temps. On reste frappé par son ancienneté, son universalité et l'incroyable diversité d'origines, de formes et de mythes chez les peuples sans écriture et dans deux grandes religions monothéistes. Elle est, à coup sûr, la plus vieille énigme de l'histoire de la chirurgie ; elle apparaît comme l'une des pratiques les plus durables de l'histoire de l'humanité.

La circoncision intéressa beaucoup les sciences humaines, notamment l'anthropologie et la psychanalyse, qui tentèrent de fournir des explications. Sans forcément s'exclure l'une l'autre, chacune apportait un éclairage particulier, mais aucune ne pouvait prétendre à l'universalité. Toutefois, l'étude des cultures où ce genre de mutilations sont la coutume suggère que les motivations qui les sous-tendent sont très différentes des explications habituelles. Leurs motivations ont été obscurcies par des millénaires de rationalisations mythologiques, religieuses, ritualistes ou médicales ; il est très peu probable que quiconque puisse arriver à une explication raisonnable de leurs origines. En tout cas, la justification hygiéniste reste la moins convaincante : avant la chirurgie aseptique, toute coupure de la chair était la chose la moins hygiénique à faire et comportait un risque important de saignement, d'infection et de mort. Aucune des cultures anciennes, qui ont traditionnellement pratiqué la circoncision, n'a prétendu que le rituel fut introduit en tant que mesure hygiénique.

C'est seulement au XIXe siècle, lorsque la circoncision de masse fut introduite pour des raisons « sanitaires », que les médecins cherchèrent à légitimer la nouvelle procédure en invoquant une continuité avec le passé lointain et en réinterprétant ses origines à travers leur propre agenda hygiénique. Plusieurs « raisons » ont été inventées dès lors pour remplacer la religion dans la justification de la circoncision qui est devenue, depuis près d'un siècle, surtout dans le monde anglo-saxon, une intervention chirurgicale médicalisée, banalisée, quasi routinière, vidée de toute signification symbolique, mais chargée, au gré des modes médicales, de mille et une vertus prophylactiques. La conjonction de deux mouvements apparus récemment dans le monde de la médecine, l'evidence-based medicine d'un côté et l'extraordinaire essor de la bioéthique de l'autre, a radicalement changé la donne. Outre-Atlantique et, dans une moindre mesure, en Europe, la circoncision est à présent l'objet de questionnements, de controverses, de luttes sociétales.

En substituant aux idéaux religieux ses propres mythologies morales sous couvert de médecine, l'époque moderne a réinventé un rituel. Pendant plus d'un siècle, la circoncision a été un traitement en quête de quelque chose à soigner, une solution en quête d'un problème. Historiquement, la compulsion à circoncire reste constante, les raisons ne cessent de changer.

Roland Tomb, doyen de la Faculté de médecine, université Saint-Joseph, est invité par l'assemblée du Collège de France, sur proposition du Pr Thomas Römer.

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