YOUNGBLOOD : ROB LIEFELD EN MODE EXTRÊME !
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Je ne vous l’apprends pas, les comics de super-héros du début des années 1990 ont mauvaise réputation. Pour certains et certaines, il s’agit même des pires comic books jamais publiés. Mais est-ce vraiment le cas ? Et surtout, au-delà des clichés habituels, que faut-il retenir des publications de cette époque ? Aujourd’hui, on revient sur Rob Liefeld, son label Extreme Studios et ses héros de Youngblood !
Au tout début des années 1970, avec l’arrivée de Conan le Barbare chez Marvel Comics et le relâchement de la Comics Code Authority, les scénaristes et les dessinateurs étasuniens gagnent en liberté. Les monstres, la violence, et même une forme d’érotisme soft se répandent peu à peu dans les illustrés des éditeurs mainstream. Une constante évolution des thématiques sociales abordées, et l’arrivée de jeunes artistes brisant les codes pour réinventer les figures majeures de la culture populaire, vont peu à peu mener à un abandon quasi-total de la censure et de l’autocensure durant la décennie suivante.
Du Punisher à Judge Dredd, en passant par Camelot 3000 et American Flagg, les protagonistes de comic books deviennent plus sombres, plus brutaux, mais aussi plus libres et insolents, bousculant l’image fantasmée lisse et étincelante des boys scouts d’antan. Cette première étape de la déconstruction des justiciers costumés atteint son paroxysme au milieu des années 1980, avec Batman : The Dark Knight Returns de Frank Miller et Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons. Le succès retentissant de ces deux œuvres est tel que toute l’industrie s’en retrouve bouleversée, tombant dans une surenchère d'agressivité et d’irrévérence, inaugurant ce que l’on appellera bientôt le Dark Age.
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C’est à cette période qu’un jeune homme d’à peine vingt ans fait ses premiers pas comme dessinateur de comics : Robert Liefeld.
N’osant pas démarcher Marvel et DC Comics, il publie ses premiers travaux chez Megaton, le label indépendant fondé par Gary Carlson. Mais l’aventure tourne court quand l’éditeur fait faillite, n’offrant pas à Liefeld l’opportunité de montrer plus qu’un simple dessin de l’équipe qu’il vient tout juste de créer : Youngblood. Cette expérience est cependant suffisante pour lui mettre le pied à l'étrier et lui donner assez confiance en ses capacités pour le pousser à chercher à percer sérieusement dans le milieu. Son premier travail notable en tant qu’artiste est la mini-série en cinq numéros Hawk & Dove, parue chez DC Comics en 1988.
L’année suivante, s’estimant floué par son employeur, Rob Liefeld rejoint la Maison des Idées et obtient le poste de dessinateur attitré sur la série New Mutants, écrite par Louise Simonson. Apportant une certaine fraîcheur à cette publication jusqu’alors jugée secondaire, Liefeld va co-créer des personnages comme Cable et Deadpool, avant d’acter le début d’une nouvelle ère quand, en 1991, lui et le scénariste Fabian Nicieza mettent fin à New Mutants après cent numéros, pour mieux faire revenir l’équipe quelques mois plus tard sous le nom de X-Force.
Grâce à l’effet nouveauté et à l’insertion aléatoire d’une trading card dans chaque copie, le succès est au rendez-vous : X-Force #1 se vend à cinq millions d’exemplaires, un record qui sera battu quelques mois plus tard par le premier numéro de la nouvelle série X-Men de Jim Lee et Chris Claremont.
Il faut dire que le contexte est propice à la spéculation : les revues du Golden Age et du Silver Age voient leur cote augmenter de façon spectaculaire et deviennent un objet d’investissement bien au-delà des cercles de collectionneurs, laissant imaginer au premier quidam venu que les comics publiés aujourd’hui sont peut-être les trésors de demain. Pour surfer sur cette tendance, les éditeurs américains vont multiplier les variant covers et les relaunch au numéro 1, insinuant à qui voudra l’entendre que ces fascicules vont prendre beaucoup de valeur d’ici quelques années. Si ces stratagèmes permettent à Marvel Comics de vendre des brouettes de comic books, en coulisse, la situation est loin d’être idyllique.
Les jeunes auteurs qui participent à ces succès commerciaux se sentent lésés et n’ont pas l’impression d’être payés à hauteur de l’argent qu’ils rapportent. À la fin de l’année 1991, la révolte gronde et Terry Stewart, président de Marvel, ne parviendra pas à convaincre ses poulains de rester. Todd McFarlane, Marc Silvestri, Jim Lee, Erik Larsen, Jim Valentino, Whilce Portacio et Rob Liefeld quittent le navire ; un exode artistique qui reste, encore aujourd’hui, un événement majeur de l’histoire du marché de l’édition aux États-Unis.
Aidés par l’éditeur indépendant Malibu Comics, qui leur facilitera l’accès au réseau de distribution, les insurgés de la Maison des Idées fondent une toute nouvelle société : Image Comics, au sein de laquelle chacun des artistes possède son propre label, dont WildStorm pour Jim Lee, Top Cow pour Marc Silvestri, ou encore Extreme Studios pour Rob Liefeld.
En avril 1992, Image Comics est opérationnel pour envahir le marché, et la première série à ouvrir le bal n’est autre que Youngblood, de Rob Liefeld.
Youngblood, c’est une équipe de justiciers opérant au service du gouvernement des États-Unis d’Amérique. Elle se divise en deux sections : la Home Team, chargée de régler les problèmes sur le sol américain, et la Away Team, qui œuvre partout ailleurs sur la planète. Dans les rangs de la première, on retrouve Shaft, Badrock, Link, Vogue, Chapel et Diehard ; tandis que la seconde est composée de Sentinel, Cougar, Riptide, Psi-Fire, Brahma, Photon et Combat. Cette deuxième équipe aura pour tâche d’aller renverser un dictateur au Koweït, une mission qui va tourner au fiasco quand le télépathe de l’équipe va faire exploser le cerveau de la cible plutôt que de se contenter de le faire prisonnier. Le ton est donné : ces super-héros sont ouvertement impulsifs et n’ont plus à voir avec leurs modèles, qui devaient donner le bon exemple à nos parents et nos grands-parents. C’est un peu bas du front et franchement pas subtil pour un sou, mais la formule est diaboliquement efficace sur n’importe quel pré-ado qui se respecte ! Généralement, la série ne s’encombre pas de règles trop strictes : beaucoup de bagarre, des personnages sous stéroïdes dotés d’une morphologie défiant toutes les lois de l’anatomie, et une écriture excessive sur tous les plans, voilà de quoi définir la création de Rob Liefeld.
Si Youngblood #1 ne se vend pas aussi bien que les premiers numéros de Spawn ou de WildC.A.T.s, qui arrivent les mois suivants, le titre atteint tout de même le million d’exemplaires écoulés. En moins d’un an et avec seulement quelques séries en cours, Image Comics concurrence très sérieusement Marvel et DC Comics, ce qui pousse la jeune entreprise à s’émanciper de Malibu Comics pour fonctionner en totale autonomie. Pour l’anecdote, en 1994, Marvel rachètera Malibu Comics, alors en difficulté financière après un faux départ dans le monde des jeux vidéo, mais c’est une autre histoire.
Liefeld va considérablement participer à la déferlante Image Comics, multipliant les séries interconnectées dans un laps de temps extrêmement court. En plus de Youngblood, Extreme Studios lance six autres publications entre 1992 et 1993 : Brigade, Supreme, Bloodstrike, Youngblood Strikefile, Team Youngblood, et Prophet. Les séries d’Extreme Studios sont toutes liées entre elles, mais aussi rattachées indirectement à d’autres publications de Image Comics : par exemple, Battlestone de Brigade est à la fois le frère de Cabbot de Bloodstrike et l’ancien leader de Youngblood, et Chapel se révélera être l’assassin de Al Simmons avant qu’il ne devienne Spawn. La dynamique des différentes formations suit souvent le même schéma : un leader, une brute, une tête brûlée, un expert au corps-à-corps, un amateur de grosses pétoires, etc.
Une recette pas très originale, héritée des univers partagés des Big Two, mais qui permet de doper artificiellement les ventes, les plus fidèles lecteurs et lectrices devant nécessairement toutes les suivre pour recoller les morceaux de l’intrigue.
Là où Todd McFarlane et Erik Larsen vont, dans un premier temps, se concentrer sur des justiciers solitaires et des univers étendus réduits, on peut dire que Liefeld et son équipe vont se démarquer par leur productivité, quitte à avoir les yeux plus gros que le ventre. Avec une vingtaine de personnages différents introduits en quatre épisodes, l’Extreme Universe se peuple à vitesse grand V de super-héros interchangeables qui manquent cruellement de caractérisation.
On remarque aussi rapidement l’obsession un poil immature de Rob Liefeld pour les protagonistes surhumains cumulant force et endurance hors du commun, avec pour résultat une galerie de héros et d’héroïnes disposant tous plus ou moins des mêmes pouvoirs, à quelques exceptions près. Leur autre point commun, c’est d’être des mercenaires sans cœur, impitoyables et ultra violents, dont le background tient sur un post-it. Contrairement aux héros de Marvel Comics, on ne s’intéresse que bien trop tardivement à qui ils et elles sont en dehors des scènes d'action. Et quand les équipes créatives tentent de donner un peu de consistance à tout ça, c'est rarement fameux, car il est difficile d’inverser cette image excessive nourrie pendant plusieurs pages en seulement quelques cases.
Les personnages bad-ass dans les comic books, c’est un peu comme les cornichons dans les burgers : tout le monde aime ça à petite dose, mais personne n’a envie de manger un burger avec rien que des cornichons en grande quantité à l’intérieur. Youngblood ou Brigade, c’est comme si l’équipe des X-Men était constituée de six ou sept Wolverine : c’est rigolo cinq minutes, mais ça limite très vite les interactions.
Ça n’empêche pas Extreme Studios de continuer à sortir de nouveaux titres : l’année 1994 voit l’arrivée des NewMen et de Doom’s IV ; en 1995, Bloodwulf obtient sa propre série, dont le premier numéro propose des variant covers où seule la phrase d’accroche prononcée par le personnage change, et Youngblood est relancée au numéro un.
Mais c’est aussi la fin d’un cycle pour Image Comics. La fameuse bulle spéculative éclate, Marvel Comics est en banqueroute, et le marché s’effondre.
En coulisse, des tensions naissent entre les fondateurs de Image : Marc Silvestri reproche à Rob Liefeld, alors directeur financier de la compagnie, de prendre des décisions qui s’avèrent néfastes pour tout le monde. Liefeld est aussi accusé d’avoir cherché à débaucher un artiste déjà employé par Top Cow et d’avoir trahi son engagement envers Image Comics en fondant sa propre maison d’édition : Maximum Press. Fin 1996, Rob Liefeld démissionne de lui-même pour éviter d’être exclu par ses pairs, puis engage une bataille juridique contre ses anciens collaborateurs, dont il ressort perdant, devant s’acquitter de la somme d’un million de dollars.
Mais le dessinateur star ne part pas les mains vides : il emporte avec lui ses multiples créations, pour les réunir sous un nouveau label : Awesome Comics. Sous l'étendard de cette nouvelle entité, il va collaborer avec Jeph Loeb ; ressusciter Fighting American, le super-héros patriote à tendance satirique de Joe Simon et Jack Kirby ; et même réussir à faire venir Alan Moore sur Supreme. En toute honnêteté, je pense que le duo Rob Liefeld / Alan Moore reste l’un des plus improbables que l’on puisse imaginer en tant que fan de comics. Et même si c’est loin d’être la période la plus marquante du scénariste de Northampton, Moore sera récompensé d’un Eisner Award en 1997 pour ce travail. Une belle démonstration que tout est possible dans le petit monde de la bande dessinée américaine.
Enfin, avec Awesome, Liefeld ne met pas de côté son amour pour la surenchère : le premier numéro du très éphémère troisième volume de Youngblood, lancé en 1998, comptabilise plus d’une dizaine de couvertures différentes. Malheureusement pour lui, les temps ont changé, et la désorganisation globale de son nouveau label lui sera fatal. Awesome Comics met la clé sous la porte en l’an 2000.
À partir de là, Rob Liefeld va principalement capitaliser sur son travail passé chez Marvel, Deadpool en tête, ou DC Comics, participant ici et là à divers projets ; puis revenir par la petite porte chez Image Comics, où ses tentatives de faire renaître Youngblood, en 2008, 2012 et 2017, ne réitéreront jamais la performance de la série originale. Il faut d’ailleurs préciser que depuis la création d’Awesome, les droits de Youngblood n’appartiennent plus seulement à Liefeld, mais aussi à son ex-associé Scott Mitchell Rosenberg, l’un des fondateurs de Malibu Comics. Un partage source de conflits qui semble avoir trouvé une issue, puisqu’une nouvelle série Youngblood a été annoncée pour 2025.
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J’ai passé deux week-ends entiers à relire les premières séries de Extreme Studios pour préparer cet article, et je dois avouer qu’au-delà des remontrances habituelles faites à ces publications, j’y ai aussi vu quelques qualités qui peuvent expliquer l’engouement du lectorat à leur sortie.
En fait, peut-être parce qu’il est plus simple de railler ses travaux sans faire l’effort de vraiment s’y pencher, beaucoup de gens semblent passer à côté des intentions de Rob Liefeld. Avec un dynamisme omniprésent, de l’action explosive, et une toile de fond chamarrée extrêmement riche dès son inauguration, Youngblood incarne sa volonté de rendre hommage aux comics de son enfance, ceux de Jack Kirby en tête, le co-créateur des Fantastic Four devenant lui-même un personnage de l’équipe des Berzerkers dans le lore de la série.
Il faudrait être d’une écrasante mauvaise foi pour nier que Liefeld est conscient de ce qu’il propose aux lecteurs, tant les diverses références présentées oscillent entre le clin d’œil et la parodie. Si l’on impute souvent à ses héros d’être des archétypes peu inspirés, il y a aussi quelque chose d’assez jouissif quand on découvre Diehard, son super-soldat à mi-chemin entre Captain America et Deadpool ; Darkthorn, un lointain cousin de Darkseid ; Badrock, un gamin transformé en colosse de pierre à la manière de La Chose chez Marvel ; ou encore Cougar, sorte de mix improbable entre Le Fauve et Black Panther. À côté de ça, des héros comme Combat ajoutent une tout autre dimension, à la fois politique et cosmique, au macrocosme de Youngblood ; tandis que les costumes bariolés, les flingues disproportionnés et les ceinturons bardés de poches de certains protagonistes comme le Colonel Bravo font écho à Cable et aux autres mutants dessinés par Liefeld dans X-Force. Ce fourre-tout abracadabrant est totalement assumé et décomplexé, ce qui permet finalement à l’ensemble de vieillir plutôt convenablement, et ce malgré le poids des clichés et des grosses ficelles.
Car, si on met de côté leurs personnages caricaturaux à souhait et leur narration décousue, découlant de pages parfois très chargées et de plans trop resserrés, Youngblood et ses séries sœurs Team Youngblood et Youngblood Strikefile brillent encore sur de nombreux points. L’usage du format flipbook, présentant une histoire dans chaque sens de lecture, et les numéros majoritairement constitués de planches dessinées à l'horizontale contribuent à une approche novatrice qui correspond bien à l’esprit “sale gosse” des dissidents à l’origine de Image Comics.
Si le style graphique de Rob Liefeld est souvent moqué, il a su s’entourer d’équipes créatives particulièrement efficaces pour donner vie aux comic books de Extreme Studios. Son propre trait est mis en valeur par l’encrage et la colorisation de ses assistants, et les autres artistes aux commandes de cet univers partagé ne sont pas en reste. Certains épisodes de Youngblood Strikefile, qui proposent des aventures en solo ou des origin story des membres de l’équipe, sont confiés à Jae Lee ou Chris Sprouse ; et des séries comme Team Youngblood, NewMen ou Supreme voient intervenir des dessinateurs et des encreurs comme Chap Yaep, Jeff Matsuda ou Norm Rapmund, qui livrent tous des prestations plus que correctes, que l’on sent très largement influencées par Todd Mcfarlane, Marc Silvestri, ou Rob Liefeld, bien entendu, avec pour résultat une cohérence visuelle remarquable.
Il faut aussi souligner le très jeune âge qu’avaient ces artistes lorsqu'ils ont déclenché un grand chambardement dans l’ordre établi sur le marché de la bande dessinée.
En 1992, Liefeld n’a que vingt-cinq ans, et Marat Mychaels, qui dessine maladroitement les premières planches de Brigade, à peine vingt ans. Si l’on reproche parfois aux premiers titres de Image Comics d’être immatures et bancales d’un point de vue scénaristique, c’est tout simplement parce que ce sont des comic books écrits par des gamins sans grande expérience, pour un public de gamins encore plus jeune. Une caractéristique qui saute aux yeux quand on regarde de plus près le courrier des lecteurs de l’époque : premièrement, il occupe jusqu’à quatre pages dans chacun des fascicules, ce qui témoigne d’une ferveur intense de la part d’un lectorat manquant cruellement de recul ; et deuxièmement, il est assurément envoyé par une audience juvénile, comme le laissent présager les dessins naïfs qui accompagnent les lettres.
Dans ses réponses aux missives, Liefeld alimente la hype par tous les moyens possibles, évoquant des projets d’adaptations à l’écran des comics de Extreme Studios. Difficile de le lui reprocher, puisque certains de ces projets étaient bel et bien concrets, et parfois signés avant même que le comic book ne soit publié. On pourra toujours remettre en question le succès critique de la méthode Liefeld, mais son succès populaire est indéniable.
Si j’ai choisi de parler des travaux de Rob Liefeld, ce n’est pas pour rien : ils sont emblématiques et symptomatiques des productions super-héroïques de la bande dessinée américaine de la décennie quatre-vingt-dix. Ses passages sur New Mutants et sur X-Force, ainsi que ses premières créations chez Image Comics, ont impacté toute l’industrie et influencé toute une génération de créateurs. Et même si le bonhomme agace par sa fâcheuse tendance à se mettre en avant, on peut difficilement réfuter son rôle dans l’évolution du comic book en tant que medium. Réduire ses comics à l’équivalent de nanars, c’est oublier ce que représente la sortie du premier numéro de Youngblood en 1992 : la victoire écrasante d’artistes indépendants encore débutants sur un système qui a exploité leurs prédécesseurs pendant des dizaines d’années.
Est-il pertinent de relire ces comics avec notre regard d’aujourd'hui, sans aucun contexte ? De toute évidence, non. Tout comme il n’est pas pertinent de juger les us et coutumes du passé en les comparant à nos modes de vie actuels. Il est par contre intéressant d’expliquer et de décrypter l’origine et l’évolution d’un courant artistique, aussi étonnant soit-il. Et ça vaut aussi assurément pour l’Extreme Age.
De ses splash pages gorgées de révolte adolescente à ses sombres projets à base de NFT ; sans oublier Heroes Reborn chez Marvel, sujet sur lequel je reviendrais peut-être un autre jour ; le parcours Rob Liefeld n’est sûrement pas un modèle de droiture, mais il est assez atypique pour faire de lui une figure notoire du monde des comics, qui ne laisse personne indifférent. Lui, qui rêvait de créer ses propres Teen Titans quand il a commencé sa carrière, a finalement récemment annoncé prendre une forme de préretraite, déclarant en avoir fini avec Deadpool et vouloir laisser un bon souvenir à ses fans avant que la qualité de son trait ne décline. Les mauvaises langues y verront à coup sûr l’occasion de rebondir avec une blague déplacée, et je leur laisse ce petit plaisir.
À l’heure où j’écris ces lignes, Youngblood n’a pas été réédité en France depuis sa sortie en kiosque chez Semic, en 1995.
En attendant un éventuel retour en version française qui rendrait la série plus facile d’accès, j’ai surtout envie de rappeler que, quels que puissent être nos goûts en matière de lecture, s’arrêter à sa première impression est souvent une erreur. Savoir passer au-dessus de nos aprioris et de nos idées reçues, rester ouvert culturellement, c’est la clé pour ne jamais se lasser de découvrir de nouvelles choses. Alors que vous soyez novice ou puriste, laissez une chance à ces comics qui ont marqué leur époque, vous pourriez être surpris !
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